27.03.2022

Déambulation

Du blanc givre sur l’herbe
en étoile et cristaux sur les chardons.
Le jour n’est pas levé le coq chante
les oiseaux s’époumonent dans les arbres
le merle mène le concert
et d’autres lui répondent.
Ma chienne s’amuse de jeunes pousses
d’herbe pour se purger
les cerisiers sont en fleurs
que demander de plus ?
Il ne pleut pas
on peut en profiter pleinement cette année
pêchers couleur framboise au lait
bicolores blanc et rouge
pommiers à fleurs rouge sombre
cerisier pleureur.
Tant d’essences se côtoient ici
le simple prunus contre la fleur
double du cerisier du Japon.

Tant de travail de plantation, d’arrosage et de soin,
pour la jubilation d’une quinzaine de floraison.

Les pic-vert s’annoncent
les coucous appellent
la vie reprend dans les bois
on sent venir le soleil
une aura pâle au-dessus de la colline
paysage immuable du coteau
et les arbres ploient sous le poids des fleurs.

Le pêcher est un festival de fleurs étagées
une Shiva un vrai feu d’artifice.

Il a gelé cette nuit
pas forcément bon pour les fruits.

Ne pas tout dire, ne pas tout dévoiler 
Du secret des plantes ne donner qu’un aperçu à voir.

De longs bambous coupés sont alignés
en travers du champ
ils serviront de tuteur ou de charpente
pour quelques rosiers grimpants
où treilles de vignes exposées au sud.

Profiter de ces moments uniques
au soleil matinal,
il est 7h, la vie s’anime sur les collines de la vallée.
industrieuses et agricoles vallées
exploitations multiples aux formes et couleurs variées.

Arbres fruitiers en ribambelles, en guirlandes,
en tissages le long du fleuve
nous donnent au printemps
tant d’éclat et d’énergie de vie.


Chalon 6 mai 2022

Déambulation

Gouttes de pluie, on entend les merles, parfum d’eau et de terre gorgée. Un fond sonore de vent dans les feuilles nouvelles, de voitures sur l’asphalte mouillée, de graviers qui crissent et de vagues tonnerres dans le lointain.

Des ritournelles de grillons des champs, des chants aériens comme chants de crécelles. Clameurs confuses qui s’étiolent et s’étalent sur les versants des collines.

Le merle goulu qui guette la cerise encore verte, et lance amoureux de tendres louanges à sa belle, un coq jamais déçu et fier de sa cour nous lâche son cri maladroit.

L’herbe se laisse fouler, caresser et susurre, dans le brillant de la rosée, mille et un instants de la vie qui palpite, se redéploye et lance dans la ferveur de mai, la démesure de la végétation.

Je me suis isolé sous un linteau de bois, sous une arche de vigne au feuillage parfait dont les jeunes pousses tels des doigts ou des antennes, se déploient et cherchent un appui malicieux.

La sagesse des plantes et du vivant, qui en tout lieu, à toute heure, sait s’adapter à ce qui l’environne.

Je me suis plongé dans un grand bain de vert, une ondée végétale bruissant sous la brise de l’aube, et d’un chêne d’un hêtre, d’un érable clair, j’ai fait une halte, une tanière, un repère.

Sans songer à Pan, comment ne pas s’éblouir, au son du vent dans les roseaux, près des eaux stagnantes des mares et des étangs, devant tant de beauté en vert, devant tant de jouissance en fleur ? Et s’adonner aux douceurs de l’amour.

Elle est partout dans l’odeur âpre et dorée des pollens, les effluves qui rappellent des semences au soleil, ou d’autres le miel ou mille laitances fécondes.

A perte de vue les verts bigarrés, mêlés de jaune et de rouge, comme des agates, et les lilas comme grappes de vigne, qui embaument les bords de l’étang, avec une grâce toute féminine. 

Ta présence manque ici, je voudrais te savoir à mes côtés, et sentir tes chevilles fouler les herbes hautes du coteau. Je voudrais ton regard comme poudre sur l’aile du papillon que je suis, et le voir se poser sur mon insouciance. Je voudrais sentir ta main chaude au creux de la mienne et la mollesse suave de tes lèvres.

Et nous marcherons, tu sembleras redécouvrir les lieux comme pour les sentir une première fois.