Lecture Poésie et Paix

Lecture du 26 novembre 2022, à la Maison Montolieu qui accueillait Dominique Sorrente et les poètes du Scriptorium pour un échange autour du thème « Ce que peut la paix veut dire : parole poétique et engagement. » Une rencontre, entre témoignages et lectures.

« Je me méfie toujours des engagements politiques du poète : Je n’aime pas trop mêler poésie et politique et trop réagir à l’actualité. Pourtant comme beaucoup j’ai été profondément choqué par l’invasion de l’Ukraine. Cela a donné trois poèmes écrits le 28 février 2022, quatre jours après l’invasion de l’Ukraine que je voudrais partager avec vous.

Au bout du décompte

On attise les haines

On appelle au combat

On sollicite les femmes

On mobilise les hommes.

On incante on galvanise les foules

On appelle la fibre nationale

On célèbre les victoires au combat.

La télévision montre les armes anéanties.

En face ce sont des hommes ce sont des pères

Des fils et des frères qui vont mourir

Qui ont peur de la guerre

Des intérêts qui les dépassent.

Au bout du compte ce sont des vies humaines

Qui sont en jeu, qui vont se briser

Dans ce qui n’en est plus un.

Loin le temps des cours d’école

Loin le bruit des jeux vidéo.

C’est une balle réelle qui perce les cœurs

Et change en un sordide décompte

Le sort de ces enfants au printemps.

Les Poètes du Scriptorium

A l’Ukraine

Quiétude – Inquiétude

Être – Mal-être

Sagesse – Folie

Amour – Haine

Calme – Angoisse

Repos – Insomnie

Désir – Apathie

Silence – Vacarme

Baiser – Bombe

Caresse – Meurtre

Coup de fil – Coups de feu

Carillon – Tocsin

Pour le Jeu – Pour de Vrai

Jouer à la paix – Faire la guerre.

Hier la paix

Hier la paix
au tamis des cerisiers en fleurs.

Ce matin le soleil rouge
du sang des soldats.

28.02.2022

Poésie et Paix Maison Montolieu Novembre 2022

Henri PERRIER GUSTIN

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Extrait de la scène ouverte du 27 mai Place Baverel à l’occasion du Festival Oh ma Parole!

… 7 mai, Chalon Isère

Il n’est pas huit heures. Je pense à la place Baverel déserte et silencieuse à l’aube, balayée par le vent. Bientôt elle s’animera de paroles et de visages, de regards et de contes. La parole y sera en scène.

Ici lente balade du grillon, les pinsons composent des sonnets et les merles des odes. L’épopée d’une luciole se raconte à l’auditoire des pivoines ouvertes comme de grandes robes de soie. Elles sont belles et les iris les convoitent fiers et droits.

Quand un avion passe, le grillon n’en a que faire, il entonne son air. C’est lui le grand troubadour du vivant. Il connait le rythme des saisons.

Place Baverel par une douce soirée d’automne on le croise parfois sur les marches de l’église. Il y raconte mélancolique la fin de la belle saison.

Aujourd’hui les hautes herbes balancent étamines et pollens dans un ballet de brosses multicolores. C’est tout un monde qui se rencontre, s’apaise et vit dans la lumière montante de mai.

Des orchidées sauvages, un oranger du Mexique bourdonnant. Magie des parfums et des odeurs.

Je poursuis ma déambulation en évitant les gouttes de rosée que j’essaye de préserver ; la glycine blanche touche le sol, l’arbre de Judée a mêlé ses fleurs au nouveau feuillage d’un chêne…

*

Un grand merci à toute l’équipe de Oh ma Parole !

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l’Île à l’aube

Faire le tour de l’île, du Cap,
chercher les oliviers, les chênes lièges
et l’odeur âcre des arbustes du maquis
ce vert flamboyant sous le levant
qui semble exulter à la caresse du soleil
tout juste une légère brise
pour jeter un peu de vie
dans ce calme immobile et matinal.

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Nos enfants

Nos enfants ont grandi
ils ont poussé les portes du temps
sur le chemin tracé des collines

Nos enfants ont grandi
nous leur avons tenu la main
ils ont pris la route de l’avenir

Nos enfants ont grandi
nous accompagnerons demain
train à quai
le dernier vers sa vie

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Cinque Terre

Des roches noires
volcaniques, abruptes
plongent dans la mer
dans un élan géologique, 
torturées par l’élévation
des terres
bordées de jardins sauvages
d’agaves bleu et de buissons ardents.
La main anonyme
d’un jardinier calme, 
semble être passée par le versant.
Les piquets alignés de joncs
et de bambous
délimitent les plantations
de vignes en escalier
sur des terrasses 
de pierres brunes.

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